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@udrey
5 avril 2007

Le 5 à 7 (non c'est pas cochon)

C'est un truc qui est apparu sur plein plein de blogs (en fait, quasiment tous les blogs que je consulte régulièrement). Et comme c'est aujourd'hui mes 35 ans... je me suis dit que c'était le moment ou jamais de vous en dévoiler un peu plus sur le côté obscur de mon passé... brrr... "trembler vous pouvez" comme qui dirait Yoda!

1972 naissance : ben je suis née. Dans un coin paumé de la Corée du Sud. On ne sait pas où exactement mais je suis là. J'ai déjà un frère aîné et nous vivons dans un milieu rural.

1977 apprentissage de la vie : j'ai 5 ans. J'ai une petite soeur, nous sommes donc une fratrie de 3 enfants. Pour des raisons inconnues (certainement la pauvreté, bien que je n'ai pas de souvenir de faim ou de froid ou de souffrance quelconque), mes parents nous abandonnent, ma soeur et moi. "Tu prendras soin de ta soeur, on va revenir" ont été les dernières paroles de mon père. Ils nous ont laissées dans une chambre d'hôtel et ont du appeler la police, car ce sont des policiers qui sont venus nous chercher et nous ont emmené à l'orphelinat (un des 10 orphelinats autour de Séoul). Ce passage obligé dans la Grande Maison (c'est ainsi que j'appelais cet endroit, j'étais trop petite pour savoir en quoi consistait un orphelinat) m'a laissé des souvenirs de lutte continuelle. Lutte avec les autres enfants pour avoir un bout de la couverture pour dormir, lutte pour avoir un jouet de temps en temps, lutte pour ne pas avoir que les mauvais morceaux à la cantine. Lutte aussi avec les grandes personnes qui veulent me séparer de ma petite soeur (les petits sont à l'étage et je n'ai pas le droit d'y aller). Je me fais souvent prendre à lui rendre visite, j'ai donc passé pas mal de temps à l'infirmerie pour soigner les coups de martinet (punition pour avoir désobéi). Et puis après une petite année, on nous adopte et nous arrivons en France.

1982 j'veux pas grandir : j'ai 10 ans. Mes parents adoptifs ont divorcé, mon père étant parti avec une autre femme, il ne supportait pas la vie de famille. J'ai toujours ma soeur (pffff) et j'ai gagné un frère adoptif (que j'adôôôre même si je le lui cache bien) qui me ressemble comme deux gouttes d'eau puisqu'il est coréen aussi et qu'il n'a qu'un an de moins que moi. Nous nous débrouillons, avec Maman qui n'a aucune qualification (ben oui, elle voulait être mère au foyer) et mes tontons qui subventionnent cette famille lourde à gérer. On déménage souvent... dans la même ville... d'un HLM pourri, on passe à des HLM de plus en plus "huppé"! Les nouvelles constructions dans des quartiers sympas, c'est pour nous! Malgré cette galère, Maman et les tontons s'en sortent bien. Nous ne manquons de rien et je peux même dire que j'ai été une enfant gâtée. Ecoles privées, loisirs en tout genre (danse, piano, foot, natation, cours de couture, judo, tir à l'arc, équitation, escrime, ski, j'aurai fait de tout!), vacances 2 à 3 fois par an. Mon parrain subventionne mes loisirs et mes vacances; grâce à lui, c'est "no limit" pour moi.
L'école... ben je suis une fainéante douée... ce qui rend enragé mon entourage. Je ne fais rien et les résultats sont là. Y'a pas à dire, j'apprends facilement. Sauf l'histoire qui restera à jamais ma bête noire!

1987 je hais le monde : j'ai 15 ans. Je suis en pleine crise d'adolescence. C'est la guerre continuelle avec Maman. Pour des tas de raisons, valables ou non. J'ai donc décidé de partir. Sauf qu'à 15 ans, on ne peut pas quitter le domicile parental comme ça. Le pensionnat me paraît être une bonne solution. Maman accepte et me trouve une pension "pour jeunes filles", bien catho, assez loin, et surtout bien encadrée. L'admission se fait sans problème au vu de mes résultats scolaires. Là je m'éclate comme une folle, ce sont mes meilleures années scolaires. C'est l'apprentissage de l'indépendance. Je déteste et conteste tout ce qui représente l'autorité. Je me trouve laide et je trouve normal de le "faire payer" à tous les garçons qui m'approchent.

1992 la réconciliation : j'ai 20 ans. L'année des fiançailles. Ca fait deux ans que je fréquente celui qui deviendra mon époux. Nous nous sommes fiancés avant son départ pour l'armée. Je vais quitter le toit parental et "me mettre en ménage". Ma jolie-maman m'a appris à tricoter et à crocheter. Elle me guide aussi dans mes premiers pas en cuisine. Je suis initiée à la cuisine ukrainienne, là d'où vient ma future belle-famille. L'amour m'a rendue plus douce. Ca se passe mieux avec maman, surtout depuis que je ne vis plus avec elle.
Je finis mon deug MASS et vais me lancer dans des études de statistiques. J'en ai marre des théories dont je ne vois pas d'applications.

1997 le bonheur : j'ai 25 ans. Je viens de me marier. On va acheter une maison. On va faire des bébés. Je suis HEU-REU-SE. J'ai organisé mon premier voyage "aventure" en guise de voyage de noce : nous sommes partis au Népal avec juste le billet d'avion, sans rien planifier d'avance. Je n'aurai jamais cru pouvoir le faire.
On vient de créer, avec un de mes anciens patrons, une société de services statistiques, informatiques et marketing pour faire de la fidélisation de clientèle. C'est encore innovant, il a plein de contacts et j'ai beaucoup d'énergie pour tout réaliser. Mon époux adhère à tout ce que j'entreprend et ça, c'est super de se sentir épaulée.

2002 le changement : j'ai 30 ans. Je suis maman depuis 3 ans. Je viens de divorcer. C'est bizarre de se rendre compte, après 11 ans, que l'on a été aveuglée par l'amour. Quel échec. Mais ça s'est bien passé pour moi puisque c'est moi qui en ai fait la demande et j'ai obtenu tout ce que je voulais (mon fils). C'est épuisée que je sors de cette relation. Je me rends compte que je ne suis pas Super-Woman, comme je le pensais. Maman Parfaite, Epouse Parfaite, Amante Parfaite, Professionnelle Parfaite, Amie Parfaite, je n'arrivais plus à faire face à toutes ces casquettes. La seule solution qui me vient à l'esprit est de divorcer, je ne serai plus Epouse ni Amante. Par rapport à d'autres femmes divorcées, je me sens chanceuse d'avoir réussi à tout négocier en ma faveur.
Pour fêter cette nouvelle liberté (bon, c'était pas le bagne non plus mais c'est différent), je réalise un de mes rêves d'enfant : le saut en parachute (enfin surtout la chute libre)! Délirant surtout pour moi qui suis plutôt froussarde et surtout qui a le vertige sur une chaise... mouais... enfin je vous avouerai quand même que lors du premier, j'ai "oublié" d'ouvrir le parachute!!!! hi hi hi... heureusement que le prof n'était pas loin!

2007 la sérénité : j'ai 35 ans. Ces 5 dernières années ont été riches en évènements. J'ai rencontré HIM (Homme Idéal pour Moi). Je pensais qu'il fallait être complémentaire pour être heureux. Pas dans mon cas. Il faut être pareil. Et j'avais trouvé mon alter-ego. Sauf que j'ai eu un cancer de l'utérus et qu'en même temps, il a lui-même été fort souffrant. Nous nous sommes focalisés sur moi et... il en est mort. Il a préféré se donner la mort plutôt que de vivre diminué. C'était trop tard et il ne l'a pas supporté. Je l'aime aussi pour ça.
Le boulot? j'ai tout lâché quand j'ai appris que j'étais malade. Après presque 8 ans de bons et loyaux services, j'avais fait le tour de ce poste de direction et l'entreprise n'était plus dans cette dynamique de croissance à laquelle je m'étais habituée. J'ai renoncé à un salaire mirobolant pour enfin pouvoir m'occuper de moi. Et de Thomas. Mais un jour viendra où il faudra travailler... ça paraît inéductable!
Après tous ces évènements tragiques, je suis partie. Parce que je devais partir, parce que je devenais un danger pour mon Thomas. Comment aurait-il pu "être bien" avec une mère qui, elle, n'est pas bien du tout. J'en avais besoin pour me ressourcer, pour me retrouver seule, pour découvrir à travers le monde que tout n'est pas perdu, que tout n'a pas disparu avec l'homme que j'aime. Et puis bien sûr, j'en avais les moyens financier. De là, le tour du monde. Et j'en suis revenue apaisée. La souffrance est toujours là mais elle est moins vivace.
Aujourd'hui, je vis avec un autre homme. Et j'attends. Rien en fait. Mais ça fait du bien aussi de se poser et de n'avoir rien à penser.

2012 : ben... on verra bien, comme disait ma grand-mère   :o))

Voilà. J'espère que personne n'aura pleuré sur mon sort. Parce que c'est pas la peine. Parce que la Force est avec moi. Parce qu'avec tout ça, j'ai la chance d'avoir eu une vie mouvementée, riche en évènements (plus ou moins heureux). Et que ça me donne l'illusion d'avoir plus de sagesse que n'importe quelle autre fille de mon âge. Mais bon... je conçois qu'une vie plus "pépère", ça doit être sympa aussi !!!   ;o)

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Commentaires
N
bon anniversaire audrey ... et quel gnak tu as ... (on dit ça chez moi des gens qui ont la foi et du courage!!!)<br /> un coucou à ton petit thomas ...<br /> merci pour ce recit de ta vie ... on est qd meme des curieuses car pour ma part j ai tout lu d une traite ....tu écrit tres bien !!!<br /> c'est agréable de te lire<br /> bisous nini<br /> petite jeune de 26 ans !!!!
T
je suis ravie de t'avoir découverte un peu plus... mais par rapport à moi tu t'es vraiment dévoilée... moi j'ai pas osé en dire autant bien que j'aurai pu en dire plus... et je te souhaite avec bien du retard un joyeux anniversaire "petit padawan" (si tu ne comprends pas je t'expliquerai) !!!
C
bon anniversaire en retard!!! c'est drole, en te rencontrant, je n'aurais jamais pense qu'on avait eu une vie aussi ressemblante sur tant de points...
L
Un bon anniversaire (un peu en retard !)à toi que je ne connais pas (j'arrive pour la première fois sur ton blog). Je suis épatée par ton parcours et par autant de courage, de volonté, d'amour... Chapeau bas Audrey !!
B
Et voilà je ne suis vraiment pas au point avec cet engin!!!!!!<br /> deux messages au lieu d'un, bref , bizzz à toi ; et à bientot.
@udrey
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